Anéanti.
Ce serait sans doute le mot qui qualifierait le mieux son état d'esprit en ce moment. Tad était bien trop fier pour fondre en larme évidemment, mais quand il rentra au domicile familial, ce jour là, il n'affichait pas bonne mine. D'ailleurs, lorsqu'il entra à l'intérieur, il meugla un simple "bonsoir tout le monde" (en polonais, évidemment) avant d'aller s'enfermer dans sa chambre et broyer du noir. En total position latérale de sécurité sous sa couverture, il s'était laissé glissé à l'intérieur tout habillé à attendre que son trop plein d'émotion ne passe. C'était sa manière de pleurer, en quelques sortes, bien qu'aucune larme ne sortait de ses yeux. Il était simplement envahi par tout, et tout ce qu'il avait appris par Nova avait fini de le briser. Ce n'était pas de sa faute à elle, loin de là, c'était... la faute à personne d'ailleurs. C'était juste comme ça, et il n'avait pas d'autre choix que de l'accepter.
Certes, il se voyait déjà être celui qui finira seul. Si ça se trouvait, les sentiments qu'il éprouvait pour Quincy étaient réciproques et à vrai dire, l'idée lui avait traversé l'esprit. Il n'affirmait absolument rien, mais il se disait simplement que si jamais c'était le cas, il serait quand même dans la merde internationale. Dans tous les cas, c'était voué à faire souffrir quelqu'un mais à choisir, il préfèrerait quand même que ce soit lui. Nova ignorait les sentiments qu'il portait à Quincy, Quincy ignorait les siens pour elle, il y avait donc plus de facilité à gérer la situation que si c'était pour lui. Mais bon, il ne pouvait pas décider dans tous les cas et bref. Si ça se trouvait, il se prenait la tête pour rien parce que si ça se trouvait, Quincy allait finir par sortir avec quelqu'un tout autre. Ou peut être personne, comme ça, c'était réglé.
Mais quand même.
Il connaissait Nova. Il connaissait Quincy. Nova, plus que Quincy. Et il était convaincu que sa "soeur" avait toutes ses chances, d'autant plus qu'elles avaient déjà eu des aventures ensemble et que Nova était bien partie pour officialiser la chose alors que lui... absolument pas. Il n'avait jamais rien fait, se contentant de quelque chose de purement platonique sur le coup. Il avait toujours exprimé une certaine ambiguïté avec Quincy mais ça s'arrêtait là. Pourtant, si on s'y penchait bien, c'était tout de même évident. Il agissait très naturellement avec elle, mais la manière dont il la regardait lorsqu'elle était dans la même pièce que lui, quand ils se parlaient plus particulièrement, c'était presque incroyable qu'elle n'ait pas deviné. Il le sentait lui même, les phénomènes se produisant dans son corps trahissant ses sentiments : les pupilles dilatées, la sorte de chaleur qui parcourait ses veines, un petit tremblement et surtout, le rythme cardiaque qui avait tendance à... accélérer. Tout en lui lui faisait comprendre qu'il était foutu et bien qu'il aurait aimé être aussi sincère avec Quincy que son corps le faisait avec lui même, il n'y était simplement pas parvenu. Peut être pour les même raisons que Nova, finalement. Peut être parce qu'ils étaient tellement proches tous les deux que si jamais quelque chose devait casser, ce serait la fin de tout ça. Et qu'au final, la manière dont Quincy le regardait et lui adressait la parole lui allait. Peut être qu'il pourrait avoir encore mieux, c'était certain. Mais il n'était toujours pas parvenu à prendre le risque de perdre la chose précieuse de son amitié pour cela. Parce qu'il était évident que s'il se livrait à elle, ce ne serait plus pareil, en bien ou en mal.

En boule, il poussa une sorte de grognement pour exprimer sa frustration, sa colère, sa tristesse, tout ça mélangé à la fois. Il aurait aimé ne pas avoir cette facilité d'attache avec les gens, ça serait tellement plus simple. Mais le fait était que, malgré lui, c'était le cas.
Il entendit la porte de sa chambre s'ouvrir et des pas s'approcher. Il les reconnaissait que trop bien, c'étaient ceux de Teo, l'une de ses soeurs, arrivée au monde après lui, et bien qu'il n'était pas surpris de son initiative, il exprima aussitôt son envie d'être seul.

"Fou moi la paix"

Toujours en polonais, évidement. Il savait que c'était un effort inutile, qu'elle ne partira pas tant qu'elle ne l'aura pas calmé. Elle avait toujours fait ainsi, même dans les pires moments. Quoique, y avait-il eu pire qu'en ce moment? Pas à ses souvenirs.

Au bout du rouleau, voilà comment je peux qualifier comment je me sens là tout de suite. La journée à été pour le moins éreitante et je n'ai pas arrêté de courir partout. Je ne sais pas vraiment ce qui se passe, mais les urgences affluent en masse à l'hôpital et je ne sais plus vraiment ou donner de la tête. Je l'ai choisi après tout, personne ne m'a mis un couteau sous la gorge pour me forcer à devenir infirmière mais parfois, j'me dis que changer de boulot me ferait peut être du bien.

Je me gare devant la maison familiale en lâchant un long soupire. Heureusement ce soir je ne bosse pas au restaurant familial, ce sont les autres qui s'y collent et j'avoue en être soulagée parce que là, je pense ne pas être capable ne serait ce que de soulever un simple verre. Je sors de la voiture avant de m'engouffrer rapidement à l'intérieur. Je me défait de ma veste et de mon sac avant d'aller saluer tout le monde dans ma langue maternelle. De toute façon, entre nous ici on ne parle que polonais. Je me jette dans le canapé pour y rester telle une moule sur son rocher et j'attrape mon téléphone pour trainer sur les reseaux sociaux. Mon attention est bien vite détournée lorsque je vois Tad, l'un de mes deux grands frères, traverser le salon après avoir lâché un vieux bonsoir à tout le monde et partir s'enfermer dans sa chambre. Il ne va pas bien et pas besoin d'avoir fait math sup pour le deviner. Je connais mon frère et je sais que quand il est comme ça, c'est que quelque chose ne va pas et ça m'fou hors de moi. Ma famille est la chose la plus précieuse pour moi et les savoir mal me rend dingue. Ils m'ont déjà reproché mon côté trop protectrice mais j'y peux rien, si un membre de ma famille souffre, ou à des problèmes, ça m'atteint directement, et encore plus quand il s'agit de Tad. C'est mon ainé de deux ans mais je me sens quand même dans l'obligation de le protéger et de lui venir en aide. Le voir rentrer dans cet état là n'est pas une chose courante, c'est même trés rare et j'avoue que la situation doit être plutôt critique. J'attends quelques minutes avant de lever mes fesses du canapé. Je compte bien savoir la vérité et surtout comprendre ce qui met mon grand frère adoré dans cet état. Oh, je sais qu'il y'a de fortes chances pour qu'il m'envoit me faire foutre mais j'ai toujours fonctionné ainsi. Depuis qu'on est tout petits, dés qu'un truc ne va pas pour l'un ou pour l'autre et s'arrange pour être là et pour remonter le moral de l'autre. Enfin, si je suis tout à fait honnête, il été beaucoup plus présent pour moi que je ne l'ai été pour lui mais il a toujours pris son rôle de grand frère trés au serieux et évidemment, c'est loin de me déplaire.

Il me faut juste quelques minutes pour rejoindre la chambre de mon frère. Chambre dans laquelle j'entre sans frapper. Evidemment qu'en temps normal je l'aurai fait mais j'sais très bien que là, il va ni se lever pour m'ouvrir ni me dire de rentrer alors, je rentre moi même sans lui demander son avis. Et comme je m'en doutais il m'envoie balader en me demandant de lui foutre la paix. « Dans tes rêves, Tadeusz » Il sait pertinement que sa demande est vaine puisque je ne compte pas le laisser seul dans sa détresse. Il est planqué sous sa couette, et je ne me fais prier pour me glisser dessous avec lui malgrés ses protestations « Bon, arrêtes de râler parce que tu sais trés bien que ça ne changera rien et dit moi plutôt ce qui se passe ! Et épargne moi ton sempiternel "mais tout va trés bien" parce que ça se voit sur ta tronche qu'il y a un truc qui va pas ! Et tu m'connais p'ti frère, tu sais que j'vais pas partir d'ici avant que t'es retrouvé ton joli sourire. En plus, manque de bol pour toi, j'ai tout le reste de la journée disponible et demain aussi parce que je travail pas, donc si j'étais toi je cracherai ce qui ne va pas maintenant, comme ça, t'aura la paix plus vite » Je ne lui ai pas vraiment laissé le choix, c'est mon frère et je ne supporte pas tellement de le voir dans un tel état. D'ailleurs, je ne perds pas de temps avant de le prendre dans mes bras et de le serrer contre moi bien fort pour lui faire comprendre que je suis là pour lui « Si t'as pas envie de parler, parles pas mais moi, j'reste là avec toi que tu le veuilles ou non » Hors de question pour moi de le laisser tomber. Evidemment que je préférerais qu'il extériorise tout ce qui lui ronge le coeur et l'âme mais si il n'en a pas envie, je me contenterai juste de rester là, à le garder dans mes bras jusqu'à sa douleur, quelqu'en soit l'origine, diminue un rien qu'un peu.

En arrivant, il n'avait pas vraiment vu qui était présent ou non. Il avait simplement claqué la porte derrière lui, traverser l'entrée d'un pas décidé, monter les escaliers et aller s'enfermer dans sa chambre une bonne fois pour toute. Une fois dans son petit cocon, il n'avait simplement plus envie d'en sortir. Il se sentait infiniment en sécurité ici, loin de tout, tous les tracas qui pouvaient l'ennuyer. Il avait toujours besoin de s'y réfugier lorsque ça n'allait vraiment pas, c'était un peu l'ultime plan de secours. Mais il fut, évidemment, très vite rejoint par Teo qui n'avait pas manqué d'observer ce qui n'allait pas. Avec Tad, de toute manière, rien n'était vraiment trop caché. Enfin... si, mais ses émotions, rarement. Il y avait des choses que Tad parvenait aisément à cacher et d'autres pas du tout. Les émotions négatives, surtout.
Mais, comme pour tout membre du clan Brząszczykiewicz, comme l'un n'allait pas bien, ça se sentait aussitôt. Même lorsqu'il faisait mine de bien se porter, il y avait toujours des indicateurs qui faisaient comprendre que c'était pas normal. Ils se connaissaient tellement par coeur qu'au moindre changement dans l'attitude de l'un d'eux, c'était un peu la panique. Alors, parfois ça pouvait être de la panique injustifiée, du moins, présente pour rien, ou des trucs positifs. Et puis parfois, souvent, c'était nécessaire. La manière dont Tad était rentré, il était clairement évident que quelque chose n'allait pas. Il ne fallait pas vivre dans cette famille depuis trois générations pour le comprendre, loin de là. D'ailleurs quiconque autre qu'un membre de la famille l'aurait compris. Un enfant de cinq ans également.

S'il avait demandé à sa soeur de partir, c'était uniquement "pour la forme". S'il avait vraiment voulu s'isoler, il aurait trouvé le moyen de le faire autrement. D'une certaine manière, il était content qu'elle soit venue et qu'elle ne file pas comme il lui avait demandé.
Il ne répondit pas à se première remarque. Lui faisant dos, il se contentait de continuer à broyer du noir comme il le faisait si bien depuis qu'il avait quitté Nova. Quant à Teo, évidemment, elle insista pour lui tirer les vers du nez. Lorsqu'elle lui demanda de lui épargner les "tout va bien", il attendit qu'elle ait fini pour finalement sortir un classique :

"Tout va bien."

En temps normal, il aurait souri juste pour le plaisir de troller, mais il n'était pas réellement d'humeur à cela.  Teo s'était glissé dans sa couverture, derrière son dos et il savait qu'il l'aurait aux basques jusqu'à ce que mort s'en suive. Lorsque les rôles étaient inversés, il faisait à peu près pareil, et il ajoutait des sortes de chatouilles pour lui faire sortir de ses mauvaises pensées. Il y avait toujours eu un échange très fort entre eux deux, plus qu'avec n'importe lequel membre de la fratrie. D'une certaine manière, Tad avait tenté la chose avec son grand frère mais ce dernier avait toujours eu un caractère beaucoup trop sérieux pour cela. Un très fort contraste de caractère entre les deux frères d'ailleurs. Oh, son frère avait des qualités indéniables, c'était sûr. Il n'était peut être pas autant extraverti que Tad, mais il était d'un soutien honorable, plus comme une sorte de second père ou oncle que véritable "grand frère". Il était un peu le Percy Weasley de la famille, sans le côté dévouement total pour le travail.
Quand Teo acheva en disant qu'elle restait là qu'il le veuille ou non, Tad sortit un instant de sa torpeur. Il leva les yeux au ciel en poussant un grand soupir. Puis il se tourna soudainement pour faire face à sa soeur et, les yeux dans les siens, ils se dévisagèrent un instant avant qu'il ne réagisse à nouveau.

"Tu sais que t'es chiante quand tu t'y met?" lui demanda-t-il, non pas sous une insulte, ils avaient l'habitude de se parler ainsi, c'était naturel et aucune pique méchante ne sortait de leur bouche quand ça arrivait. C'était même plus de la vanne, il savait bien que Teo se voulait d'être "chiante", c'était même son but.  

"Quelles sont tes théories?"

A savoir, à son avis, quelles raisons feraient qu'il serait aussi mal.

La famille est quelque chose de réellement important pour moi. Et Dieu merci, je suis tombée dans la meilleure qui soit. Evidemment, comme dans toute famille qui se respecte, il y'a parfois des sujets de discorde, des embrouilles et des portes claquées mais on à la chance de tous bien s'entendre et de s'aimer trés fort. Mes petites soeurs, je les chérient plus que tout au monde et j'ai tendance à être bien trop mère poule avec elles. Et mes deux grands frères sont vraiment mes piliers. Surtout Tad en fait. On ne peut pas vraiment l'expliquer mais Tad est moi avons toujours été trés proches, plus qu'avec quiconque dans cette maison et ce n'est pas franchement pour me déplaire. Il est le pilier sur qui je me reposer quand je manque parfois de m'éffondrer et il sait être là en temps voulu. Aujourd'hui c'est à mon tour de lui apporter mon soutiens.

Lorsque je le voit traverser en trombe le salon pour aller s'enfermer direct dans sa chambre, je sais tout de suite que quelque chose ne va pas. Je ne perds pas une seconde avant de me lever du canapé pour aller le rejoindre. Oh je sais qu'il m'enverra bouler et qu'il va râler quand j'essaierai de lui tirer les vers du nez mais, je m'en fou. Une fois dans la chambre, il m'envoie balader mais je persiste avant d'entamer une tirade pour lui faire comprendre que je ne le lâcherai pas et que ce n'est pas la peine de me faire croire que tout va bien alors que je sais trés bien que ce n'est pas le cas. Je me glisse sans lui demander son autorisation, sous la couette afin de le prendre dans mes bras pour lui montrer que peu importe qu'il crache le morceaux ou pas, je suis là pour lui et que je ne suis prêt de lui lâcher les baskets.

Au bout de quelques minutes, Tad fini par se retourner. Son regard planté dans le mien, il fini par me dire que je suis chiante. Je souris fièrement. Oh ça oui je le suis, et particulièrement quand l'un des miens est au plus mal. « C'est comme ça que tu m'aimes, je le sais ! » Un clin d'oeil ponctu ma phrase. Il reprend ensuite la parole pour me demander de lui exposer mes théories sur l'origine de son mal être. Evidemment, j'ai déjà ma petite idée. « Une femme j'imagine » A vrai dire je ne vois que cette raison pour qu'il soit dans un tel état. Une femme à dû lui briser le coeur et j'avoue que ça me rend furieuse qu'une donzelle puisse rendre mal un mec aussi génial que lui. « Racontes moi, ce qu'il s'est passé ? J'veux tout savoir en détail et j'veux aussi savoir qui est la fille qui ose te malmener ainsi.. Et si tu veux, j'peux même aller lui casser la tête ! » Evidemment, je ne suis pas vraiment sérieuse dans ma dernière phrase, j'essaie simplement de détendre l'atmosphère bien que vu sa mine dépitée, c'est loin d'être gagné.

Je remet en place une méche de mes cheveux avant de prendre de nouveau la parole « J'la connais ? C'est pas Nova j'espère ? Vous êtes tellement proches tous les deux que j'la voit mal te faire du mal mais après tout on ne sait jamais. » Nova et Tad sont presque comme des jumeaux, toujours fourrés ensemble à s'éclater. Je vois mal la blonde faire quoique ce soit pour blesser mon frère mais en y réfléchissant bien, peut être n'était ce pas volontaire. Si je joue ma curieuse à ce point c'est pour tâcher de lui remonter le moral du mieux possible et pourquoi pas, tenter de lui prodiguer quelques conseils qui pourraient, potentiellement, l'aider même si s'agissant d'amour, je ne suis pas la mieux placée pour parler, car c'est un sentiment que je n'ai jamais vraiment connu ! En tout cas, la personne à l'origine de sa détresse à dû y aller bien fort car, du plus loin que je me souvienne, je n'ai jamais vraiment vu Tad dans un tel état et ça me fait réellement mal au coeur de le voir ainsi, lui qui d'habitude passe son temps à troller son monde et à être souriant et enjoué dans quasiment n'importe quelles circonstances.

D'une certaine manière, Tad ne savait pas où se réfugier pour aller déverser sa tristesse et son mal être. N'importe quel endroit "intime" était susceptible d'y trouver quelqu'un. Chez lui, Nova pouvait débarquer et elle était bien la dernière personne qu'il voulait croiser en ce moment et à la maison familiale il y avait TOUJOURS un pecnaud pour pouvoir rester à la maison. Toujours. Au final, l'endroit où il pouvait être certain d'être seul le temps de quelque temps, c'était sa voiture mais ce n'était pas évident pour pouvoir déverser le trop plein d'émotion négatives qui l'envahissaient actuellement. Il avait fini par porter son choix à la maison familiale puisque Nova était son dernier choix possible. Il aurait pu rendre visite chez CJ remarque mais il n'osait pas encore parler de tout ce qui n'allait pas. Par ailleurs, les personnes qui étaient le plus capables de le voir dans sa vulnérabilité.. c'était sa famille. Et Nova. Et encore, Nova, c'était en dernier recours "normalement". Il détestait cela, aller mal, d'ailleurs. Même si ça n'était, à ses yeux du moins, pas "grand chose". Mais ça l'enfonçait terriblement, submergé par le poids de ses émotions, et à partir de cet instant, les véritables problèmes du monde n'existaient plus.
Mais ce n'était pas tant la raison de ce qui le préoccupait qui le rendait encore plus mal à l'aise. C'était le fait que, lorsqu'il allait mal, il avait l'impression qu'il n'était plus crédible. Que toute la positivité qu'il pouvait offrir au monde était mis en cause et qu'on pouvait douter de ses talents pour partager le soucis des autres. Tad était connu pour aller toujours bien. Mais il était humain après tout, il avait forcément ses moments de "faiblesse", de vulnérabilité en tout cas. D'ailleurs, en général, Tad était le genre à encourager les autres à se laisser aller quand ça n'allait pas, parce qu'il valait mieux que ça sorte plutôt que ça reste à l'intérieur. Mais bon, les conseils, c'étaient toujours mieux quand ça s'appliquait aux autres, forcément. "Fais ce que je dis, pas ce que je fais". Haha.
Mais. Il y avait certaines personnes avec qui il avait un peu plus de facilité à se laisser aller, justement. Les membres de sa famille, forcément. Ils étaient habitués en même temps, donc les plus à même pour cela. C'était par conséquent son choix d'endroit pour pouvoir évacuer. Et comme il s'y attendait, ça n'avait pas laissé indifférent tout le monde, son entrée en grandes pompes. Quelques minutes plus tard, sa soeur avait débarqué avant de le rejoindre dans l'endroit où il se sentait le plus en sécurité au monde : son lit.

Il lui laissa deviner ainsi ce qui se passait. Chose qu'elle trouva du premier coup. Une femme. Il la regarda un instant sans rien dire avant de se mettre à froncer les sourcils et s'exprimer.

"Pourquoi tu penses à ça directement, hein? Je suis censé le prendre comment? Ca ne pourrait pas être... je sais pas, une dispute avec mamie, l'état de mon compte en banque, des éventuels problèmes d'addiction à la drogue?" gémit-il de plainte alors. "Mais oui, c'est ça." soupira-t-il aussitôt après.

Teo s'emballa dès lors et insista fortement pour qu'il lui raconte tout. Tad se retourna dès lors pour lui montrer son dos et de nouveau bouder. Sa soeur demanda ensuite s'il s'agissait de Nova mais qu'ils étaient tellement proches tous les deux qu'elle la voyait mal lui faire du mal. Tad ferma les yeux, dans le déni tout d'abord. Il poussa un nouveau soupir, avant de se soumettre.

"Si, c'est Nova. En partie." finit-il par admettre. "Enfin, elle le sait juste pas."

Il pensait à nouveau à la discussion qu'il avait eue avec elle et à son petit numéro de comédien fantastique et incroyable dont il avait fait preuve. Une carrière dans le cinéma n'était pas une option à mettre de côté après ça.

"Je suis juste... j'sais pas. Perdu? Non, même pas. Dans une merde internationale? Ouais, complètement."

Blasé, il se résigna à lutter contre ses émotions.

Voir mon grand frère dans cet état est vraiment difficile pour moi. Il faut dire que Tad est quasiment toujours de bonne humeur et que d'habitude, c'est toujours lui qui nous remonte le moral et qui nous console quand il y'en a besoin alors le voir ainsi me fait vraiment mal au coeur. Je suis consciente qu'il n'a sûrement pas envie de parler mais je ne peux pas le laisser ainsi. Une fois dans la chambre, je me glisse sous ses couvertures à ses côtés et je le prend dans mes bras. Au début il n'est pas trés bavard et je suis limite obligé d'insister pour qu'il finisse par se retourner et me porter un peu d'attention. Je ne peux lui en vouloir d'agire de la sorte, car on est comme ça dans la famille, quand un truc ne va pas, on en parle pas systématiquement. Moi la première d'ailleurs, dés que j'ai un problème, j'aime m'enfermer dans ma bulle et garder tout pour moi car je suis toujours persuadée que de toute façon, personne ne peut régler le problème à ma place. C'est souvent le cas d'ailleurs, personne ne peut régler nos problèmes à notre place mais on peut toujours recevoir des conseils qui permettront sans doute de dénouer une situation compliquée. Quand c'est à mon tour d'aller mal, Tad fait toujours des pieds et des mains pour me remonter le moral et comme c'est un grand frère génial, il fini toujours par faire de même alors je me dois d'être à la hauteur aussi ce coup ci. De toute façon, il est tout bonnement hors de question que je quitte cette chambre sans avoir pu aider mon frère à aller ne serait ce qu'un tout petit peu mieux. Sans avoir réussi à lui faire décrocher un sourire, aussi petit soit-il.

Quand il fini enfin par se tourner vers moi, il me demande de lui apporter mes théories sur l'origine de son mal être. Je ne perds pas de temps avant de mettre le doigt sur la bonne réponse. Une femme est à l'origine de tout cela et lorsque je lui fais part de ma réponse il fronce directement les sourcils et ne me demandant comment il doit le prendre en ajoutant que ça pourrait tout aussi bien être une dispute avec notre chère mamie, des problèmes d'argent ou bien d'addiction. Je ricane légèrement en me contentant de secouer la tête. Les disputes entre mamie et Tad ne durent jamais bien longtemps, généralement, ils se réconcilient le soir même. L'argent n'a jamais été quelque chose capable de miner le moral à ce point de mon grand frère et la drogue, je ne crois pas qu'il en consomme. Tad est un alcolo qui aime se prendre des caisses à tire larigot mais la drogue, mh je ne crois pas que ça fasse partie de ses consommations. Il ajoute ensuite que j'ai raison et que son problème est bien une femme. Je lui fais part de mes craintes concernant que cela pourrait concerner Nova et une fois de plus il répond par la positive mais qu'elle ne le sais pas et je fronce les sourcils en me demandant ce qu'elle peut avoir bien fait malgrè elle pour qu'il se retrouve dans un tel état. Je soupire en fermant les yeux. J'adore Nova et je ne veux pas qu'il y ai le moinde problème qui risque de mettre leur amitié en péril où encore celle que j'ai avec elle.

Résigné, Taddychou fini par me dire qu'il est dans une sacré merde « Une merde internationale carrément ? » Je fronce les sourcils en me demandant ce qui à bien pu se passer. Il n'aurait tout de même pas mis une inconnue enceinte ? Ou pire, Nova ? Je secoue la tête en chassant cette idée de ma tête. Tad est quelqu'un de réfléchi et il ne pourrait pas lui arriver de genre de chose. « Tu m'inquiètes un peu Taddychou là.. Dis moi ce qui se passe une bonne fois pour toutes s'il te plait » Je fronce à nouveau les sourcils avant de me mettre contre lui et de le serrer à nouveau dans mes bras « Peut être que je pourrais t'aider si tu me racontes tout, après tout, et comme tu le dis si bien quand c'est moi qui va mal, les Brząszczykiewicz sont fort et savent toujours se sortir la tête de l'eau » Le ton de ma voix, se veut doux et rassurant, je ne sais pas si ça sera suffisant pour qu'il baisse enfin les armes et qu'il se confie totalement à moi. Comme pour le rassurer et tenter de le détendre, je caresse doucement ses cheveux. Je ne sais pas si ça va marcher mais tout ce que je veux, c'est l'apaiser au moins un tout petit peu.